Média inspirant, positif et engagé Franco-Suisse- Magazine Blogzine féminin qui donne l'envie d'oser !
13 Avril 2020
Confinement : “en dehors et en dedans, l’Esprit libre”
Nous traversons une période exceptionnelle avec cette épidémie du Covid-19. En tout cas pour le XXIème Siècle. A situation exceptionnelle réaction exceptionnelle ?!...
Les articles et autres documentaires ne manquent pas depuis début mars (en encore plus depuis le 17 mars 2020, début du confinement par décision du gouvernement). Beaucoup de concepts déjà évoqués sur le plan psychologique, sociologique, philosophique, énergétique, scientifique, politique ou artistique...J’ai bien peu d’éléments supplémentaires à vous apporter si ce n’est mon point de vue de psychologue d’une part, d’individu d’autre part. Le point de vue d’un être, vivant de la façon la plus complète possible ce que l’Humanité toute entière traverse.
Avant de développer quelques aspects de ma réflexion, je tiens à vous donner quelques indicateurs importants : lorsque l’on m’a demandé d’écrire sur le sujet du confinement avec le regard de la psychologue que je suis, je me suis soudainement retrouvée avec des idées fusant de toutes part : axes internes (santé mentale), axes externes (social, familial, professionnel, biologique), avec affection éventuelle au Covid-19 (atteinte modérée à sévère pouvant entraîner la mort). S’ajoutant à tout cela le mode de vie, le contexte (surface du domicile, vie citadine ou à la campagne), notre capacité à gérer les émotions, le niveau de stress...etc.…Je dirais donc autant d’individus autant de façons de vivre l’épidémie, le confinement et les contraintes (personnelles, économiques, sociales, professionnelles...) qui en découlent. J’ai donc décidé de me concentrer sur un axe en particulier : le confinement pouvant être vécu par une personne asymptomatique.
Deux axes à prendre en compte : le “Dehors” et le “Dedans”
“Dehors” : tout ce qui est à l’extérieur de Moi. Absence de contrôle possible. Cela arrive et je ne peux rien y faire : non maîtrise.
“Dedans” : c’est à dire comment je vis une situation que je n’ai pas choisie.
Nous pouvons traverser différentes étapes : sidération, choc, déni, déprime, colère, rejet, acceptation, accueil, paix, résilience. Chacun de nous représente un élément de l’inconscient collectif. Ainsi, ces étapes existent tant d’un point de vue individuel que groupal. Et comme dans d’autres événements ou situations de perte brutale (décès, séparation, perte d’emploi, licenciement, maladie, départ des enfants...), nous traversons ces différentes phases.
Ainsi, ce que nous observons des attitudes des uns et des autres, n’est autre que l’expression des différentes étapes dans lesquelles se trouvent l’inconscient collectif et individuel : choc, sidération, déni, rejet, déprime, acceptation.
Les syndromes réactionnels anxiogènes peuvent être les suivants : tout ce qui est lié à “Faire” et “Avoir”. Hyperactivité, écoute excessive des médias pouvant générer un syndrome anxieux massif, focalisation sur les parties manquantes, perdues, sentiment d’insécurité, mise en danger, risque vital. Avec également oubli de Soi.
Les éléments moteurs eux, sont liés à “l’Être” : adaptation, ennui qui crée le désir qui nous conduit à notre capacité créatrice, conscience de Soi. Accueillir le vide, s’occuper(vraiment) de Soi.
La dimension du lien, des habitudes, des automatismes de vie, sont autant d’éléments affectés par l’épidémie d’une part et le confinement d’autre part. D'ailleurs en nous focalisant sur la contrainte liée au confinement, nous défocalisons notre attention sur les conséquences plutôt que sur la cause (le virus). Il s’agit sûrement ici d’un mécanisme de défense en quelque sorte de survie psychique. En effet, l’impensable n’est pas pensable.
Focus sur la notion de lien : la configuration se trouve modifiée si vous êtes confiné seul, en couple ou en famille. Une variable va être aussi l’âge du ou des enfants. Ces derniers vivant le confinement de façons différentes en fonction de leur stade de développement car leurs besoins sont différents selon l’âge, et aussi en fonction du vécu du ou des parents.
Dans les cas extrêmes de décès d’un proche (lié ou non aux conséquences du Covid-19), il est difficile voire impossible de rendre hommage pleinement au défunt et à ses proches parents et amis. Tout rassemblement est quasi impossible au-delà de cinq personnes je crois. L’appui du groupe, du collectif familial et social se trouve affecté. Cette fragilité du groupe altéré, renvoie nécessairement au “Moi”, à notre intériorité. Cela génère une sorte d’effet “boom rang”.
En fonction de notre Conscience de Soi, de l’image de Soi, de notre potentiel avec vivre avec nous même, nous nous trouvons dépourvus de modèles identificatoires et de projections sur l’extérieur. Nous ne pouvons remplir par l’extérieur, le vide que nous vivons à l’intérieur.
Ainsi, le confinement lié à cette épidémie qui affecte la planète toute entière, est une sorte de message symbolique : “Fuir est inutile”. C’est une réelle opportunité de sortir d’un système basé sur l’automatisme et l’habitude, pour accéder à la Vie en Soi. Certes cela demande de s’accueillir vraiment, d’accueillir le vide en soi. Afin de devenir créateur de sa propre Vie. Cela fait référence aux éléments évoqués dans mon article du numéro précédent (numéro 5) “ comment choisir “son” psy. Accéder à ses parts d’ombres, prendre conscience de notre fragilité, vulnérabilité, de la finitude, de notre statut de mortel. Cette situation nous invite à l’échelle de l’Humanité en passant par la conscience individuelle, à gagner en humilité et à vraiment intégrer et incarner la Vie en Soi. La mort, est une mort symbolique visant à transformer certains fonctionnements internes. La possibilité d’un renouveau.
Le confinement nous met face de façon brutale pour certains et violentes pour d’autres, à un changement radical de notre mode vie. Je vous invite à vivre ce trauma, ce chao intérieur. Cela fait partie du processus nous menant vers une sorte de” confinement psychique” à savoir se pelotonner dans la chrysalide qui nous conduira à un nouvel état d’être.
Emmanuelle Tornare
Psychologue Clinicienne.
Après 15 années en libéral, elle est actuellement salariée en institution et notre référente psycho.
Vous ne connaissez pas encore notre team ? C'est par là : Team HDF
Vous voulez la rejoindre ? C'est par ici : Nous rejoindre !
Retrouvez un autre article écrit par notre psy Emmanuelle