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26 Janvier 2021
La photo de couverture dégage une forte symbolique : « Je voulais que mon fils soit dessus mais pas qu'on puisse le reconnaître, c'est aussi simple que ça ! On est tous les deux, seuls dans la nature, on regarde dans la même direction... »
L’été s’annonce, et avec lui les joies des vacances. Mais ce jour du 18 juin 2018 marque un tournant dans la vie d’Agathe et de sa famille. Le petit Siméon, 15 mois, joue dans la cour chez des amis avec son grand frère, quand le portail en fer sur rail vient l’écraser….
« Un bruit sourd et métallique se fit entendre, comme un gong dans l’air chaud de l’été qui s’annonçait, arrêtant net la conversation légère qu’il avait avec Renaud. Le sang du jeune père ne fit qu’un tour, il se précipita vers ses jeunes enfants. Armen était prostré, il se tenait debout à côté du portail qui gisait dans le gravier. Sous le portail, une main dépassait d’entre les barreaux. Une toute petite main. La main de Siméon », écrit Florence Rousselet, alias Agathe, la maman de Siméon.
Si dans l’histoire racontée au grand public, les prénoms ont été modifiés, l’histoire est elle, bien un témoignage réel du cataclysme qui a frappé cette famille il y a deux ans et demi maintenant. Ce récit répond avant tout à un besoin de la maman auteure, de coucher tous ces événements sur du papier, pour ne pas oublier, pour que l’enfant y trouve toutes les réponses à ses questions, si un jour, il les cherche…. La lecture de ces notes par sa psychologue, par ses proches, cause un tel émoi qu’elle se décide à les éditer, pour partager cette leçon de vie. « Je ressassais beaucoup une fois que la vie a repris son cours. Ça me bouffait au quotidien. Je n’arrivais pas à m’en détacher. Au départ, je voulais juste l’écrire sur une feuille de papier A4, qui s’est vite remplie recto-verso. Je tape donc mon texte à l’ordinateur et je me rends compte, arrivée à la page 20, que Siméon n’est pas encore arrivé à l’hélicoptère », se remémore Florence Rousselet. Car, suite à cet accident, le pronostic vital du bambin est engagé. Il passe 10 jours entre la vie et la mort, 3 semaines en réanimation, 5 mois en soins. Victime d’un très grave traumatisme crânien avec hémorragie cérébrale, il est héliporté dans la soirée à l’hôpital Femme-Mère-Enfant de Lyon. La maman arrête de travailler. Le papa fait du mieux qu’il peut pour gérer le quotidien à la maison, avec les deux autres enfants, dont l’un, au côté de son frère au moment où leurs vies ont basculé, se sent responsable. Les grands parents, pas encore en retraite, se relaient. Toute la famille est ébranlée, et chacun réagit de sa propre façon face à cette épreuve. Tandis que la maman peine à reconnaître son fils, amaigri, dont le comportement a complètement changé, le papa fait preuve de philosophie : il est en vie, c’est le principal. « Lorsqu’il se réveille, personne ne sait comment il va réagir, quelles seront les séquelles. Nous sommes dans l’inconnu, l’incertitude au jour le jour…. Pour moi, il s’est endormi d’une manière et s’est réveillé avec six mois de plus », explique la maman. Après des mois de combat, c’est enfin le retour à la maison, avec toujours autant de rééducation : psychomotricien, orthophoniste, kiné, orthoptiste, neuropédiatre. « Un an après sa sortie, Siméon s’est à nouveau fait opérer de sa dérivation, une valve d’évacuation posée pour fluidifier le débit à cause de l’hémorragie cérébrale. Nous avons eu une bonne surprise : les médecins l’ont complètement enlevée car elle ne servait plus. », annonce-t-elle. Aujourd’hui, Siméon est un petit garçon farceur et mature, qui a fait sa rentrée en petite section. Ses frères se montrent très protecteurs.
Pour Florence Rousselet, professeur d’anglais dans un lycée de Chalon sur Saône, l’écriture s’est révélée salvatrice. Mais ce témoignage vise également à sensibiliser tout à chacun qu’un drame est si vite arrivé. Le titre « Attendez-nous ! » insiste sur ce temps qui s’arrête : « Pendant les 5 mois et quelques, nous nous sommes sentis en décalage avec le reste du monde. Nous étions prisonniers de l'hôpital et nous voyions nos amis continuer à vivre sans nous. C'était assez difficile à vivre ». Cet émouvant ouvrage, chemin de résilience, est en vente dans l’atelier de lutherie de Marc Boyadjian, frère de l’écrivaine, à Central Park 13 C Rue du Moulin Parnet, à Pontarlier et commandable dans toutes les librairies ou en ebook sur le site de l’éditeur : Les éditions Sydney Laurent.
L’histoire du traumatisme, d’abord physique puis psychologique que chacun détient en lui, des plaies plus ou moins béantes dont on ne guérit jamais vraiment, mais avec lesquelles on apprend à se reconstruire.